- 30 octobre
- 13,1 km
- Cee – Cabo Fisterra
Ce matin, chacune part de son côté. L’arrivée au bout de l’aventure se vit en toute intimité. Le Chemin longe la côte, le soleil est derrière les nuages. Le paysage manque de lumière. Il est triste alors que j’ai chaud au coeur. Quel contraste ! La plage d’Estorde est dans une petite crique. Elle est déserte. L’Océan est calme. Je pense qu’il va pleuvoir si le vent tombe. Mais il n’en est rien.
Quelques kilomètres plus loin, j’arrive dans la baie de Fisterra. Le soleil bataille pour percer. Il éclaire de plus en plus l’Océan. Je suis attirée par l’eau. Je ne me retiens pas. Je pose mon sac à dos sur la promenade de caillebotis. Je descends les escaliers. Sur le sable, j’enlève chaussures et chaussettes. Je relève les jambes de mon pantalon. Je me retrouve les pieds dans l’eau… Je suis béate… J’ai fini ! Je n’en reviens pas. Quel bonheur ! Je reste là, longtemps. Le sourire est figé sur mes lèvres. Le froid me fait quitter l’eau. Mes pieds sont un peu bleu. Qu’importe, la vie est belle.
A Fisterra, je laisse mes affaires dans un refuge tenu par des Hongrois. J’y retrouve l’Allemand croisé dans le bois incendié. Il avait raison. Nous nous sommes revus. Par contre, malgré les promesses respectives, je n’ai jamais re-croisé Elisabeth rencontrée à Foncebadón. Regina est également là, nous nous étions donné rendez-vous là. C’est un refuge d’Allemands. Je suis toujours la seule et l’unique Française. Je pars sur Cabo Fisterra le dos léger. J’effectue le trajet sans m’en rendre compte. Song, une jeune Coréenne m’accompagne. Nous faisons connaissance au début de la montée et nous conversons tranquillement. Je suis curieuse. Je pose plein de questions. Elle est seule. Malgré l’âge, nos vécus sont similaires. La peur et l’incompréhension de l’entourage. Les risques pour une femme seule soulevés par ceux qui restent. La découverte d’un pays. La magie des rencontres. L’envie de se retrouver.… Elle est heureuse de son aventure. Moi aussi.
A l’extrémité de la fin des terres, je peins le reflet du soleil sur l’Océan. La lumière. L’infini.
En quittant Lescar, je traversais une porte ouverte sur l’horizon. Aujourd’hui, je ne la referme pas. L’avenir s’ouvre à moi.
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