A l'aquarelle, une haie d'arbres vert / jaune or part de la gauche vers l'horizon presque perpendiculairement à ce dernier. Un sentier le borde, puis sur les 2/3 restants, un immense champs de terre rouge. L'horizon est un fine ligne blanche qui se finit sur la droite par un petit massif d'arbres verts. Le ciel est couleur terre pour devenir progressivement bleu sur le sommet de la feuille.

Etape 31

  • 12 octobre
  • 18,1 km
  • SahagúnEl Burgo Ranero

J’entre dans une phase de grande monotonie. Durant deux jours, le Chemin est identique. Une longue ligne droite qui jouxte une route. Sur la gauche, il est arboré de jeunes platanes, tous plantés à distance égale. En observant bien, je trouve de l’originalité dans cette uniformité. Le ciel prend des tonalités qui, pour moi, sont innovantes. Il est couleur terre. En fonction du sol, il vire de l’ocre jaune à l’ocre rouge. Selon le vent, il est plus ou moins épais. Il influe sur l’atmosphère. Ferait-il de même sur l’homme ?

A l'aquarelle, une haie d'arbres au feuillage vert part de la gauche vers la droite pour rejoindre la ligne d'horizon. Elle est bordée en premier plan par une route qui fait de même. La terre est ocre jaune, l'horizon également. Derrière l'enfilade d'arbres, de petits buissons ronds et verts foncés.
Calzada del Camino (León – Espagne), aquarelle plein air, Cécile Van Espen, A5, papier grain fin, 300 g/m2, 12 octobre 2017

Une forte chaleur, une terre complètement asséchée, une légère brise et la poussière rouge se soulève. Elle envahit l’horizon. Les couleurs ne se mêlent pas.

En regardant mon aquarelle, Malgo, qui me croise, constate :

– Tu vois des choses que je ne vois pas !

Je lui détaille le dessin en lui expliquant le rôle que joue le vent dans la colorisation du ciel. Elle voit bien l’horizon rouge sur le carnet. Elle lève le nez, le pose sur l’horizon. Elle ne voit pas le rouge dans le ciel. Mes yeux voient, mon pinceau interprète… En l’absence de toute monotonie, je n’aurai peut-être pas perçu toutes ces subtilités. Néanmoins, le jeune  polonaise se dit être l’animatrice de mon fan club auprès des jeunes marcheurs internationaux. Ils me connaissent tous. Parfois, ils s’abordent et demandent à feuilleter le carnet avec beaucoup de soin et de respect.

A l'aquarelle, une haie d'arbres vert / jaune or part de la gauche vers l'horizon presque perpendiculairement à ce dernier. Un sentier le borde, puis sur les 2/3 restants, un immense champs de terre rouge. L'horizon est un fine ligne blanche qui se finit sur la droite par un petit massif d'arbres verts. Le ciel est couleur terre pour devenir progressivement bleu sur le sommet de la feuille.
El burgo Ranero (León – Espagne), aquarelle plein air, Cécile Van Espen, A5, papier grain fin, 300 g/m2, 12 octobre 2017

Même si El Burgo Ranero est un grand village, j’ai l’impression d’être au milieu de nulle part, coincée entre deux lignes droites : celle arpentée aujourd’hui et celle que je suivrai demain. El Burgo Ranero adopte les couleurs de sa terre. Les enduits des parements des maisons basses sont faits de terre mêlée à la paille. Ce camaïeu d’ocres est très reposant. Bruce, Scott et Claire sont arrivés bien avant moi. Ils m’ont annoncée au refuge municipal et ont justifié mon retard pour me garder un lit. Ce soir, je suis chanceuse. Je suis une des dernières à avoir un lit. Le refuge est plein. Malgré l’heure avancée, il y a encore beaucoup de passage. Les marcheurs sont orientés vers un autre hébergement.

Dès que je me pointe, avant la présentation de la credential, les accueillants, des bénévoles américains, me questionnent :

  • Tu es française ?
  • Oui
  • Es-tu bien la française qui peint ?
  • Peux-tu nous montrer tes dessins ?
  • Oui

Je sors le carnet de dessins de mon « Staf » : nom donné par d’autres américains, Wendy et Scott, à la volumineuse banane que je porte sur mon ventre. Dedans, il y a tout mon matériel de peinture : le carnet en cours, la boîte de godets de couleurs, les pinceaux… et ma credencial.

A l'aquarelle, une maison basse douleur orange. En premier plan sur la droit, un arbre au feuillage rouge foncé. Derrière la maison par légèrement vers le fond gauche. Au niveau de l'arbre, une porte en bois, à double battants, verte. Puis une petite fenêtre rectangulaire. Au milieu de la longueur, à l'étage, une ouverture rectangulaire, suivie plus loin d'une autre au sommet arrondi, elle est entre deux niveaux. La toiture de couleur beige est très basse.
El burgo Ranero (León – Espagne), aquarelle plein air, Cécile Van Espen, A5, papier grain fin, 300 g/m2, 12 octobre 2017

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