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Etape 9 : 14 avril – vers Gouville – 22 km

Pluie, pluie, pluie… Nous rejoignons la côte en coupant par Créances. Nous y faisons notre première pause, au sec, autour d’un café. P. m’invite à choisir l’emplacement pour me permettre de peindre. En face, un tabac-presse. Alors que je m’apprête à esquisser l’enseigne, je réalise qu’il s’appelle « Le Credencia ». Il ne manque que le « l » à la fin pour être en phase avec notre aventure. Quel curieux hasard ! En partant, P. fait un crochet par la boulangerie, moi par la boutique. Le buraliste tamponne ma credencial sans poser de questions, léger sourire en coin.

Aquarelle, le bureau de tabac de Créances
Créances, vers Gouville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 14 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Champs de poireaux et champs de carottes se succèdent. La campagne sent bon le légume. A Pirou, nous montons sur la dune et passons côté mer. La marche se fait sur sol plat et souple. Nous sommes trempés. Le temps ne s’arrange qu’après 16h. Je débute ma seconde aquarelle du jour. Mais, très vite, le ciel change. Les nuages noircissent. Les tonalités de la mer et du ciel sont en perpétuel mouvement. Elles se reflètent les unes dans les autres.

à Hanneville, sous un ciel de plomb, un cavalier sur sa monture longe la Manche
Anneville, vers Gouville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 14 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

En toute fin de journée, les averses se font plus éparses. Je peux m’asseoir face à l’alignement des cabanes de Gouville. Très vite, je croque l’essentiel. Et, déjà, le ciel se couvre. Il est temps de se mettre à l’abri pour la nuit.

Un alignement de cabanes de bois aux toits colorés, posées sur une dune
Cabanes, Gouville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 14 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

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Etape 8 : 13 avril – vers Lessay – 21 km

Quel calme ! Nous marchons dans une surprenante sérénité.  La tempête d’hier est dans nos mémoires. Nous suivons une voie ferrée transformée en piste cyclable ou coulée verte. Le chemin, surélevé, est bordé de fossés. En contrebas, derrière les haies, des champs, des marécages… Le tracé est monotone.

A l'aquarelle, un chemin part vers l'horizon. A gauche, il est bordé d'un fossé et de quelques arbres. Sur le chemin, un homme, P. avance
Vers Lessay, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 13 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

J’arrive tard à Lessay. Pour ne pas perdre de temps, je file vers l’édifice phare de la ville, l’abbatiale. Ses portes se ferment automatiquement à 19h. La lumière d’un vitrail d’entrelacs éveille mon attention. Rapidement, je le couche sur papier.

A l'aquarelle, un vitrail en entrelacs géométriques de l'église de Lessay
Lessay, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 13 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

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Etape 7 : 12 avril – vers Saint-Lô-d’Ourville – 15,5 km

Petit déjeuner au bar. Déjà, nous avons nos habitudes ! Au comptoir, les clients se succèdent. Devant un petit noir, ils râlent après les intempéries. La patronne les bouscule : « Arrêtez ! Nous avons besoin d’eau. Cet été, vous pleurerez sur la sècheresse.… » 

Dehors, le Noroît souffle fort, très fort. Il atteindra les 110 km/h en début d’après-midi. Vent debout, nous courbons l’échine pour mieux avancer. Quand, il attaque par côté, il me déporte sans cesse. La vigilance est de mise. Au-dessus de nous, la course des nuages est effrénée. Mais, l’eau ne tombe pas. Les grains de sable soulevés par rafales nous cinglent le visage. Au loin, ils se transforment en épais nuages ocres.

Carteret, Vers Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Sur la digue de Carteret, j’essaie de saisir les mille tonalités de la Manche. Les vagues ont de la vigueur. Le camaïeu de bleu vire parfois au vert. Il est d’une richesse infinie. Je le trouve plus extraordinaire que les jours précédents.

Peint à l'aquarelle, sous un ciel bleu indigo foncé, en premier plan gauche, l'extrémité d'un voilier. En arrière plan, la silhouette de Port-Bail dominée par le clocher de l'église
Port-Bail, Vers Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Je reprends l’aquarelle à l’entrée de Port Bail, à l’abri dans un café, alors que les rafales de vent atteignent la vitesse annoncée. Là, elles ne me dérangent plus. Face à moi, le profil de la ville se dessine très nettement. Le ciel est d’un indigo intense. Le soleil tape sur les murs créant un jeu de contrastes étonnants.

A peine sommes-nous entrés dans l’hébergement, que dehors la pluie mêlée à la grêle tombe en trombe. Ouf ! Derrière la fenêtre fermée, je peins les arbres courbés par le vent. Puis je me lève, une rafale claque sur la vitre. Instinctivement, je me replie vers l’avant comme pour lui résister … Je suis à l’intérieur ! ! !

Peints à l'aquarelle, des arbres aux couleurs acidulés tous penchés vers la gauche...
Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

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Etape 6 : 11 avril – vers Barneville – 16 km

Nous partons sans traîner pour éviter la pluie annoncée en début d’après-midi. Le chemin passe au pied des dunes côté terre. Le Noroît, un vent de nord ouest, souffle fort. Je m’installe dans le creux d’une dune pour peindre à l’abri. Puis nous traversons une zone agricole. Les parcelles cultivées alternent avec des enclos de vaches, de chevaux… Le tracé serpente le long d’un petit canal d’où pointent des iris d’eau. Le soleil n’arrive pas à percer. Il fait de plus en plus frais. Quelques gouttes nous alertent.

Une dune peinte à l'aquarelle
Vers Barneville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 11 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Nous entrons dans Barneville sous la pluie. Elle ne cesse de tomber toute la soirée, toute la nuit… P. me fait remarquer l’évolution de la fréquentation du bar dans lequel nous nous abritons pour tuer le temps. A 17h, des couples d’âge mûr sont assis en tête-à-tête. A 18h30, des plus jeunes prennent place… Les tables sont toutes occupées en cette fin de journée, le zinc également.

Le zinc d'un café. Peinte de dos, un femme est au comptoir, debout. sur sa gauche, sur un tabouret haut, une autre personne.
Vers Barneville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 11 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

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Étape 3 : 8 avril – vers Goury – 20,5 km

Plus loin, de belles vaches Normandes paissent en front de mer. Quel luxe ! Puis, quelques moutons broutent dans la succession de champs clôturés par de petits murs de pierres. Le long de la côte, les parcelles sont de taille modeste. Pour passer d’un terrain à l’autre, nous enjambons, nous escaladons. Avec le sac sur le dos, le corps manque d’agilité. Alentour, tout est authentique. Mais, à l’horizon, vers l’intérieur des terres, d’étranges constructions rappellent la présence du centre de retraitement des déchets radioactifs de la Hague.

Vaches normandes, Cotentin, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, avril 2023

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Étape 3 : 8 avril – vers Goury – 20,5 km

Quel beau paysage ! Je ne sais où poser les yeux… Tout comme les pieds. Les chemins de galets et de graviers sont inconfortables. Il m’est difficile de regarder simultanément le sol et le paysage… Je n’ai que l’embarras du choix pour saisir le décor. La côte est escarpée, les roches très irisées vont du beige au brun encre en passant par le lit de mer au riche camaïeu de bleu. Mais, le versant vallonné et les marais ont ma préférence.

Peint à l’aquarelle, en premier plan, un chemin part du coin gauche vers la droite (il répande vers le tiers ). Derrière une surface d’eau parsemée de tiges courtes. Puis une succession de vallons, de plus en plus hauts. De petites haies s’entrecoupent : une dans les ocres en bordure droite du plan d’eau ; un alignement d’arbres rosés au centre ; à nouveau une colonne ocre monte sur le coteau. Ce dernier est fermé sur la gauche par un alignement d’épineux verts foncés. Dans la pente de ce coteau, sur la droite une petite maison au toit pentu. En fond, un dernier coteau est suggéré. Puis le ciel bleu se dégrade vers le haut.
Le Caban, Cotentin, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, avril 2023