de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 15

Etape 7 : 12 avril – vers Saint-Lô-d’Ourville – 15,5 km

Petit déjeuner au bar. Déjà, nous avons nos habitudes ! Au comptoir, les clients se succèdent. Devant un petit noir, ils râlent après les intempéries. La patronne les bouscule : « Arrêtez ! Nous avons besoin d’eau. Cet été, vous pleurerez sur la sècheresse.… » 

Dehors, le Noroît souffle fort, très fort. Il atteindra les 110 km/h en début d’après-midi. Vent debout, nous courbons l’échine pour mieux avancer. Quand, il attaque par côté, il me déporte sans cesse. La vigilance est de mise. Au-dessus de nous, la course des nuages est effrénée. Mais, l’eau ne tombe pas. Les grains de sable soulevés par rafales nous cinglent le visage. Au loin, ils se transforment en épais nuages ocres.

Carteret, Vers Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Sur la digue de Carteret, j’essaie de saisir les mille tonalités de la Manche. Les vagues ont de la vigueur. Le camaïeu de bleu vire parfois au vert. Il est d’une richesse infinie. Je le trouve plus extraordinaire que les jours précédents.

Peint à l'aquarelle, sous un ciel bleu indigo foncé, en premier plan gauche, l'extrémité d'un voilier. En arrière plan, la silhouette de Port-Bail dominée par le clocher de l'église
Port-Bail, Vers Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Je reprends l’aquarelle à l’entrée de Port Bail, à l’abri dans un café, alors que les rafales de vent atteignent la vitesse annoncée. Là, elles ne me dérangent plus. Face à moi, le profil de la ville se dessine très nettement. Le ciel est d’un indigo intense. Le soleil tape sur les murs créant un jeu de contrastes étonnants.

A peine sommes-nous entrés dans l’hébergement, que dehors la pluie mêlée à la grêle tombe en trombe. Ouf ! Derrière la fenêtre fermée, je peins les arbres courbés par le vent. Puis je me lève, une rafale claque sur la vitre. Instinctivement, je me replie vers l’avant comme pour lui résister … Je suis à l’intérieur ! ! !

Peints à l'aquarelle, des arbres aux couleurs acidulés tous penchés vers la gauche...
Saint-Lô-d’Ourville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 12 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 14

Etape 6 : 11 avril – vers Barneville – 16 km

Nous partons sans traîner pour éviter la pluie annoncée en début d’après-midi. Le chemin passe au pied des dunes côté terre. Le Noroît, un vent de nord ouest, souffle fort. Je m’installe dans le creux d’une dune pour peindre à l’abri. Puis nous traversons une zone agricole. Les parcelles cultivées alternent avec des enclos de vaches, de chevaux… Le tracé serpente le long d’un petit canal d’où pointent des iris d’eau. Le soleil n’arrive pas à percer. Il fait de plus en plus frais. Quelques gouttes nous alertent.

Une dune peinte à l'aquarelle
Vers Barneville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 11 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

Nous entrons dans Barneville sous la pluie. Elle ne cesse de tomber toute la soirée, toute la nuit… P. me fait remarquer l’évolution de la fréquentation du bar dans lequel nous nous abritons pour tuer le temps. A 17h, des couples d’âge mûr sont assis en tête-à-tête. A 18h30, des plus jeunes prennent place… Les tables sont toutes occupées en cette fin de journée, le zinc également.

Le zinc d'un café. Peinte de dos, un femme est au comptoir, debout. sur sa gauche, sur un tabouret haut, une autre personne.
Vers Barneville, au Mont-Saint-Michel, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 11 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 13

Etape 5 : 10 avril – vers Surtainville – 21 km

La période de beau temps prend fin. Toute la matinée, nous avançons sous la pluie et dans le vent. En faisant une large boucle, nous contournons la centrale nucléaire. Le chemin est boueux. Il n’y a pas de place pour l’aquarelle

Les Pieux, nous nous arrêtons dans la seule enseigne ouverte en ce lundi de Pâques pluvieux, un kebab. En milieu d’après-midi le ciel se calme. Le soleil tente de percer. Il est le bienvenu. Alors que nous avons rejoint le sentier du littoral, nous devons dévier. L’eau des marais de la réserve naturelle de la Mare de Vauville sont hauts. Leur traversée est impossible. Nous poursuivons par la plage. 

Heureuse ! Enfin, un petit arrêt aquarelle pour moi et une petite sieste pour P. Assise sur la pente d’une dune, je tente de poser l’immensité bleue sur le papier. Et, nous profitons de cette accalmie en jouant les prolongations et en savourant l’instant présent.

Des vaches normandes paissent sur la dune. En premier plan, 3 sont couchées. La dune est parsemée d'herbes. En fond, ciel d'orage indigo.
Vers Surtainville : vaches normandes sur la dune, aquarelle de Cécile Van Espen posée sur papier Hahnemühle 275 g/m2 et au format 17 x 24 cm.

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 12

Étape 4 : 9 avril – vers Helleville – 24,5 km

Après les falaises, nous nous posons au bord d’un lavoir. Pendant que P. bouquine les deux pieds dans l’eau, je poursuis ma quête d’aquarelliste. Puis, nous redescendons la plage sur près de 10 km. A l’extrémité sud, se profile la centrale nucléaire de Flamanville.  A nouveau, la fin du parcours nous mène à l’intérieur des terres sous un ciel qui se couvre. Le paysage est vallonné. Les fleurs sont en fête. Les oiseaux également. L’accueil de nos hôtes est à l’image de la nature. Ils sont surpris de voir arriver des marcheurs. Le gîte est un peu à l’écart du GR. Ils nous offrent le couvert avec des oeufs d’oie à la coque. Dans leur cuisine, ils s’assoient à nos côtés. Nous parlons de leur passion pour les animaux. Avec les oies, ils élèvent un cochon, une vache, des moutons… Ce soir là, j’oublie mes pinceaux.

En pleine page et à l'aquarelle, un bâtiment ancien monté en pierres beige et à la toiture de tuiles. Peux d'ouvertures par contre la marque de quelques trous de poutres
Vauville, aquarelle Cécile Van Espen, peinte in situ le 8 avril 2023, posée sur papier Hahnemühle 270 g/m2 et au format A5

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 11

Étape 4 : 9 avril – vers Helleville – 24,5 km

Du tiers-lieu qui nous a accueilli pour la nuit, nous rejoignons le GR. Au détour d’un sentier, un chevreuil nous surprend. Cette rencontre renforce notre enthousiasme. La journée est idéale pour crapahuter sur les falaises de Jobourg. Le sentier est sportif, étroit, rocailleux, aux multiples dénivelés. De la hauteur, cent mètres, la vue est superbe. Nous sommes en surplomb, comme suspendus au dessus de l’eau. Sur les parois rocailleuses, les genets sont éclatants. Leur jaune est en contraste avec le bleu profond de l’eau en contrebas. 

Nous passons sous le centre de traitement des déchets radioactifs. Un point de vue semble aménagé pour les photographes. Impossible d’éviter cette étrange verrue d’autant que quelques infrastructures plongent dans l’eau. Elles coupent en deux ce site préservé.

Falaises de Jobourg, aquarelle Cécile Van Espen peinte in situ le 8 avril 2023, posée sur papier 270 g/m2 et au format A5
Falaises de Jobourg, aquarelle Cécile Van Espen peinte in situ le 8 avril 2023, posée sur papier 270 g/m2 et au format A5

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 10

Étape 3 : 8 avril – vers Goury – 20,5 km

En cheminant sur un terrain escarpé, sur des lits de cailloux et de galets, en escaladant les murets de pierre, nous  arrivons au phare de Goury. Egalement nommé  phare de La Hague, il s’élève sur un rocher, le Gros du Raz. La marée est descendante. Nous pourrions presque atteindre l’édifice à pied… Au loin, la silhouette de l’île anglaise d’Aurigny est à une quinzaine de kilomètres. Plus bas, la baie d’Elcagrain…

Peint à l'aquarelle, le phare de Goury se situe au centre droit de l'aquarelle. En premier plan, allant de droite à gauche (tiers de la hauteur de la feuille) une bande d'herbe. Partant du bord bas droit, et remontant vers la gauche, l'autre bordure du chemin. L'herbe est moins épaisse. Elle borde un lit de cailloux qui pose une ligne horizontale. Au delà, la manche puis le phare posé sur un lit de rochers puis la mer et enfin les côtes. Le ciel prend les deux tiers de la feuille, il va dans la même direction que le chemin d'herbe
Phare de Goury, aquarelle Cécile Van Espen peinte in situ le 8 avril 2023, posée sur papier 270 g/m2 et au format A5

De Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 6

Etape 2 : 7 avril – vers Omonville-La-Rogue – 22,5 km

A la tombée du jour, la mer est d’huile. Les roches prennent leurs habits de nuit mettant en valeur l’immensité de l’eau argentée.

Omonville-la-Rogue, vue de la sortie des falaises de Gréville. Sur le tiers bas de l’aquarelle, des roches s’enfoncent dans une mer bleu de ceruleum. En fond, la digue. Sur la droite on devine une ouverture et la présence de quelques embarcations. Au dessus, entre mer et ciel, une ligne de petites maisons basses, blanches aux toits en ardoise. Sur le deux tiers, le ciel bleu dont le mouvement monte vers la droite
Omonville-la-Rogue, Cotentin, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, avril 2023

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 3

Etape 1 : Cherbourg-en-Cotentin

Ce jeudi est jour national de mouvement social contre la réforme des retraites. Certaines routes stratégiques d’entrée dans le centre urbain et et le port sont barrées. Les drapeaux aux dominantes de rouge se dressent. Je m’installe à proximité de la statue de Napoléon. Je partage un banc public avec un retraité. Le temps de peindre une petite aquarelle, nous échangeons quelques paroles. Fier de sa ville, il m’en fait un beau portrait. En partant, je lui tends la main. La poignée est franche et sincère. Dans l’après-midi, P. me rejoint. Alors, nous faisons un tour de ville, du port…

Cherbourg, Manifestation, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, 6 avril 2023
Cherbourg, Manifestation, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, 6 avril 2023

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 2

Etape 1 : Cherbourg-en-Cotentin

Ce matin je m’immerge dans la ville. Je m’installe à l’entrée du port. Des manèges occupent l’espace. Je me laisse surprendre par la présence d’une grande roue au dessus des bateaux. Alors, je peins la vie… Je récupère nos carnets du miquelot ou crédencials, dans une librairie et je les fais tamponner à l’Office de Tourisme. Tous les jours, les sceaux datés, obtenus dans différents endroits, valideront notre cheminement. Ainsi, nous aurons droit de passer la nuit au refuge du Mont-Saint-Michel. L’indication donnée par le sanctuaire lors de la réservation avait piqué ma curiosité :  le refuge est « en haut de la rue principale, dernière maison à droite ».

Deux personnes de dos avancent du centre vers la gauche. Elles suivent une route, une voiture est en bout de perspective. Au delà, une grande roue. En premier plan à droite, un bateau de plaisance...
Cherbourg-en-Cotentin, grande roue sur le port, Cotentin, Normandie, Manche, aquarelle in situ par Cécile Van Espen, posée sur papier 270 g/m2, grain torchon, 6 avril 2023

de Cherbourg-en-Cotentin au Mont-Saint-Michel 1

Etape 1 : Cherbourg-en-Cotentin

A la descente du train, je prends conscience du terminus des voies. J’arrive au bout du monde ! Un fin crachin en guise d’accueil. Il n’entame en rien ma motivation. Bienvenue en Normandie !

Je rejoins mon hébergement à pied. Situé sur le chemin du départ, à 3 km, il emprunte une ancienne voie ferrée désaffectée. Les rails ont disparu, mais pas le ballast qui rend la marche pénible. J’avance loin des bruits de la ville.

Peint à l'aquarelle, parapluie fermé dans les tonalités de rouge
Parapluie, Cherbourg-en-Cotentin, aquarelle posée sur papier par Cécile Van Espen, au format 16,8 x 24 cm, avril 2023