- 11 octobre
- 24,8 km
- Calzadilla de la Cueza – Sahagùn
Au matin, je fais une pause thé dans une auberge qui porte le nom de Jacques de Molay. Je re-situe le dernier maître de l’ordre du Temple auprès de Bruce et Magalie, une Suisse allemande, avec qui je partage la table. Nous sommes à Terradillos de los Templarios. Dès la sortie du village, je tombe en émoi devant les couleurs du paysage et la perspective. La terre et le soleil ne font que un… Entre terre et ciel, la ligne d’horizon est fondue. Les éléments se confondent dans des tonalités très chaudes et extrêmement douces. Alors que je viens de reprendre la marche, je m’arrête à nouveau. Je calcule : il est 10h passé, bientôt, l’humidité de l’air aura disparu. En m’exposant au soleil, l’aquarelle sèchera sans grande difficulté. Je m’installe.

Le chemin s’est rétréci, il longe une voie de circulation. Dommage ! Le charme serein est vite oublié. Il y a beaucoup de marcheurs en ce début d’après-mdi. Assise sur le rebord d’un petit parapet qui enjambe une canalisation, je prends le parti d’aquareller un fragment choisi de ce double alignement : les arbres et les hommes. Le flot des pèlerins est assez soutenu avant de se raréfier. Quand je repars, je suis à nouveau seule. A l’heure qu’il est, nombreux sont ceux qui ont déjà pris place dans une albergue. Je n’ai pas de souci à me faire. Vers midi, j’ai croisé Claire, Bruce et Scott à la terrasse d’un bar de San-Nicolas Real Camino. Ils me réservent une place pour ce soir.

L’auberge choisie est à la sortie de Sahagùn. Bruce me guette sur le pas de porte afin que je ne me trompe pas d’adresse. Nous sommes dans un couvent bénédictin… Je m’approprie mon espace en étalant mon sac de couchage sur le lit. Après mon rituel, je pars me reposer dans la cour intérieure. Je suis au calme, je profite des derniers rayons de soleil. Il est tard. Face à moi, le linge sèche. Il est sous les clochers de l’église et du couvent. Je trouve que ces 3 images réunies témoignent assez bien du Chemin : le mystique côtoie le pragmatique. Intérieurement, je souris. Le comportement des hospitaliers est à cette image. Pour la première fois, le mercantile prend le dessus sur la générosité. Ici, tout est payant. Même l’emprunt d’une couverture au motif :
– Vous comprenez c’est pour les enfants du Pérou…
Je ne suis pas convaincue par cette générosité imposée.
