- 2 octobre
- 15,9 km
- Návajun – Cirueña
Depuis que je suis partie de Návajun, il tombe des gouttes par ci et par là. Il est midi passé quand je m’arrête. Chaque halte est propice à une aquarelle mais également au repos. Alors, je suis bien heureuse que la petite pluie fine s’estompe. Elle laisse place à quelques rayons de soleil qui assèchent le sol. Alors que je suis à peu prés au calme, un bruit de foule enfle. Il m’interpelle. Arrivent puis passent devant moi, des jeunes. Des collégiens espagnols. Ils parlent fort et avancent vite. J’ai l’impression que tout un établissement défile sous mes yeux. Le flot est ininterrompu durant un bon quart d’heure. De leur côté, les roseaux, que j’ai choisi comme modèle, ne plient pas devant l’affluence. Ils prennent vie dans tous les fossés qui entourent les champs.

Après la succession de vignobles, le paysage se transforme. La vigne se fait plus rare et laisse place à des terrains cultivés. Les champs sont labourés. La terre fraichement retournée est d’un rouge lumineux. Celle, travaillée moins récemment, est déjà plus terne. Sur ce fond chaud se greffent les premières couleurs d’automne. Le jaune est flamboyant surtout quand le soleil pointe dessus. Une riche palette de couleurs s’offre au regard qui ne se lasse pas d’une telle beauté.

Au loin, l’église semble abandonnée comme tout le village.

Quelques instants plus tôt, l’arrivée dans Cirueña est extrêmement angoissante. Quel contraste avec la beauté de la campagne traversée. Je longe un golf, bien entretenu. Sans golfeur. Puis, je débouche sur des quartiers résidentiels neufs. Sans habitant. Les maisons, parfaitement finies, sont vides. Des quartiers à l’architecture différente se succèdent. Ils sont tous à l’abandon. Quelques rares bâtiments sont occupés… La ville est morte. Le constat est terrifiant :
– C’est une opération spéculative vouée à l’échec. Ici, il n’y a rien, pas même un bar. C’est normal que les gens ne veulent pas acheter, précise mon hôte.
A croire que l’entrée fantôme dans Cirueña a fait fuir la horde de marcheurs. Nous ne sommes que trois femmes à nous arrêter ici. Ce soir je fais la connaissance d’une américaine, Michelle, qui a démissionné de son travail pour vivre l’expérience et faire un point sur sa vie, et d’une Colombienne, Olga, qui réside en Espagne et vient sur le Chemin au rythme de 15 jours par an.